Il est devenu banal aujourd'hui de se voir proposer une Rolex d'occasion ou autre best-seller avec un cadran repeint, des aiguilles "génériques" ou pire, avec un mécanisme bidouillé ne correspondant pas au modèle. Pour une montre avoisinant les 6000 euros, la pilule serait difficile à avaler, soit, mais pour une Daytona Paul Newman trafiquée, on peut parler de catastrophe. Peut de collectionneurs se laisseront avoir par une contrefaçon asiatique fabriquée à partir de rien. C'est ainsi que nombre d'entre eux, ces dernières années, ne se sont pas laissé inquiéter par le problème. Mais les collectionneurs sont aujourd'hui devenus beaucoup plus frileux et bien plus inquiets en ce qui concerne leurs acquisitions de pièces de collection.
En effet, que faut-il craindre d'une Breguet Type XX équipée d'un cadran flambant neuf et d'une imitation de calibre 7750 sorti tout droit de l'usine. Rien, c'est une fausse et cela se voit au premier coup d'œil. Provenance de la montre : la Chine ou un pays voisin. Mais que faire lorsque cette même Breguet Type XX présente un magnifique cadran aux index bien patinés et un calibre à l'aspect ancien, et qui de surcroît tourne "comme une horloge", surtout lorsqu'un léger doute subsiste ?
Ce problème s'est présenté à plus d'un d'entre nous : "C'est peut être la meilleure affaire que je ne ferai jamais" contre "Si elle est fausse, j'y laisse plus de 10 000 euros...", surtout lorsqu’on n’est pas un expert chevronné mais un collectionneur amateur prêt à en découdre avec ce nouvel eldorado du placement financier comme aime à le faire penser les médias spécialisés.
Durant ces trois dernières années, j'ai été très étonné de voir avec quelle facilité des personnes s'étaient faites escroquées pensant acheter la pièce rare. Le scénario le plus courant : " Il m'a certifié qu'il l'avait achetée chez "nom du vendeur", il m'a fourni les papiers et m'a fait une description exhaustive des détails qui faisaient de cette montre une montre très recherchée." Sans compter les "Elle était parfaite sur la photo...". En écoutant cela, on peut se dire que cela ne nous concerne pas et que la personne qui s'est fait avoir n'y connaissait rien. Cela était malheureusement valable il y'a deux ou trois ans. Les exemples répertoriés entre 2009 et aujourd'hui sont à même de donner tord à plus d'un d'entre-nous.
Mais alors, ce marché est-il devenu réservé aux experts ou aux quelques véritables professionnels de la montre ancienne ? Ce serait la fin de ce marché, ou au mieux le début de la fin.
Il existe deux principaux cas de figure. Le premier, une personne est désireuse, suite à une campagne d'information sur le sujet, de placer son argent dans une pièce horlogère de valeur. Si cette personne n'est pas experte, au sens le plus technique du terme, il vaut mieux pour elle qu'elle fasse appel à un vrai professionnel. C'est-à-dire que quitte à perdre quelque centaines d'euros, acheter sa pièce chez un revendeur professionnel digne de ce nom. Ce dernier pourra de plus la conseiller sur quel modèle acheter, combien de temps le garder, etc.
Second cas de figure, la personne est passionnée et davantage intéressée par faire une acquisition d'une pièce de collection qui va la faire vibrer que par le côté spéculatif de la chose. Elle n'a pas de moyens énormes et une montre à un prix assez intéressant se propose à elle. Ici, hors de question d'acheter à un particulier sans les connaissances requises et encore moins par correspondance. Si le vendeur est honnête et n'a pas de doute sur la qualité de la montre, alors il acceptera de clore la transaction via un tiers. Il est possible de trouver des professionnels qui voudront bien regarder cette montre et donner leur avis. C'est toujours pour eux l'opportunité de faire connaissance avec un nouveau client potentiel.
Lorsqu'il s'agit de finances, ce monde est sans scrupules et de plus en plus, nous aurons affaire à des montres de moins en moins "d'origine". Cela pour deux raisons, i) la disparition des pièces avec le temps et ii) la présence de plus en plus courante de pièces contrefaites sur le marché.
Soyons vigilants et participons nous aussi au fait de ne pas laisser notre passion se faire polluer par des opportunistes de passage dans le domaine de l'horlogerie.
Fabrice Guéroux, spécialiste de la lutte contre la contrefaçon horlogère a ces trois dernières années multiplié les actions pour permettre aux passionnés d'éviter le pire lors d'un achat : une montre contrefaite. La sortie de son second opus "Vraies et fausses montres" a marqué l'ouverture du Salon de Bâle 2010, cette fois en français, allemand et anglais, de quoi satisfaire des centaines d'amateurs européens avec une mise à jour méticuleuse des derniers modèles contrefaits.